BYD : nous ne sommes pas les moins chers, mais les meilleurs

Le constructeur automobile chinois BYD a minutieusement planifié son grand saut en Europe et apporte six voitures pour s’établir de manière substantielle. Cependant, les ambitions des Chinois ne s’arrêtent pas là, ils visent à figurer parmi les cinq premiers constructeurs automobiles les plus performants en Europe.

Cette déclaration laisse peu de place au doute. « Je veux figurer parmi les cinq premiers en Europe », déclare Brian Yang, vice-président de BYD en Europe. Le chinois sait cependant que le temps presse. « La fenêtre pour réussir est ouverte pendant encore deux ans. » En d’autres termes, BYD doit livrer maintenant et dans un avenir proche. C’est pourquoi l’offre d’attaque ne se compose pas d’une seule voiture, suivie par d’autres au goutte-à-goutte, mais de plusieurs d’un coup. D’ici la fin de l’année ou le début de l’année prochaine, BYD lancera six voitures en Europe, notamment la Han, une berline du segment E, et le crossover Tang, frère du premier, dont une version revue et corrigée est présentée au salon IAA de Munich, capable de charger en trois phases, destiné à obtenir cinq étoiles aux tests NCAP et à proposer davantage d’assistance à la conduite.

Les stratèges de BYD savent ce duo de véhicules électriques ne sera pas un succès commercial majeur. En revanche, le compact E-Crossover Atto 3 a plus de chances de l’être, destiné à rivaliser avec le VW ID.4. Les arguments d’achat sont les mêmes : davantage de technologies pour un budget maîtrisé. La prochaine star est déjà dévoilée : le BYD Seagull. Un SUV électrique prometteur, s’ajoute à cela le BYD Dolphin, une berline partageant la technologie avec l’Atto 3. Même si les chinois gardent le silence, il sûr que ce modèle électrique arrivera en Europe. La petite voiture était déjà présente au salon de l’automobile de Shanghai. Le prix en Chine d’environ 10 400 euros pourrait faire trembler les autres constructeurs automobiles. « Nous voulons être présents dans chaque segment », explique Brian Yang. Consultez ici les prix du BYD Dolphin.

Cependant, les prix attractifs chinois ne pourront pas être maintenus en raison de l’homologation et des exigences techniques en Europe et surtout en France. Mais même si le prix augmente de six ou sept mille euros, la voiture reste un défi serré pour les constructeurs automobiles. Les constructeurs coréens devront eux aussi faire preuve de beaucoup d’efforts. Bref, une bataille de prix brutale se profile, où les constructeurs européens, en raison des coûts salariaux élevés qui y sont liés, finiront par être dos au mur.

BYD : des investissements et des stratégies de croissance

« Nous nous sommes préparés pendant 20 ans à ce moment », déclare le directeur de la marque, Yunfei Li, d’une voix douce et avec un sourire amical. Pourtant, aux oreilles des constructeurs européens, ces paroles sonnent comme une menace. Les faits soulignent que cette déclaration n’est pas une bravade sans fondement. L’entreprise du constructeur automobile chinois est en mode attaque. Cela signifie que BYD investit davantage dans le développement que dans les bénéfices : l’année dernière, le bénéfice net était de 2,4 milliards de dollars US, tandis que 2,9 milliards de dollars US étaient investis dans la recherche.

Les Chinois ont concentré leurs investissements sur trois domaines clés. La gestion du moteur incluant le logiciel, les moteurs électriques et bien sûr la batterie elle-même. BYD mise sur l’avenir. Ce n’est pas sans risque, car les stratèges du constructeur automobile prévoient un marché intérieur très concurrentiel au cours des prochaines années. Ainsi, BYD est plutôt une arme contre la concurrence en Europe. « Outre des produits tout à fait compétitifs, le fabricant BYD dispose visiblement d’une structure de coûts efficace et d’une forte intégration. BYD est préparé pour les années à venir en Europe. L’usine prévue en Europe est considérée comme la prochaine étape de l’expansion », explique Peter Fintl, expert en automobile.

Comment BYD prévoit de s’implanter en Europe

Les chiffres soutiennent l’avis de l’expert. L’année dernière, BYD a vendu 1,86 million de véhicules électrifiés, soit une augmentation de 208,6 %. La tendance à la hausse se poursuit. Au cours de la première moitié de cette année, il y a déjà eu plus de 1,25 million d’unités, soit une augmentation de 95,78 % par rapport à la même période de l’année précédente. En dehors de la Chine, il y a eu 74 300 véhicules, soit plus qu’en 2022 dans son ensemble. « Et la deuxième moitié de l’année sera encore meilleure », se réjouit Yunfei Li. À Wolfsburg. « Nous ne voulons pas être les moins chers, mais les meilleurs. En termes de technologie, de sécurité, de design et surtout de service. C’est pourquoi nous cherchons les meilleurs partenaires dans chaque pays », poursuit Li.

Le constructeur automobile chinois mise sur la structure de concessionnaires traditionnelle et pas seulement sur la vente en ligne directe. A titre d’exemple, selon BYD, il faut au moins 100 concessionnaires pour réussir en Allemagne, alors qu’il n’y en a actuellement que 13. En France, les Asiatiques sont surpris de la lenteur de la bureaucratie. En Chine, la rénovation d’une concession existante prend trois mois et le lieu de vente est opérationnel. Pour les nouvelles constructions, cela prend six mois. En Europe, la rénovation prend neuf à douze mois et la nouvelle construction prend selon BYD deux ans.

Pour ceux qui voient le siège social immense à Shenzhen, il est clair que le directeur pense chaque mot comme il le dit. Environ 60 000 ingénieurs travaillent chez BYD. Au cours des prochaines années, ils seront encore plus nombreux lorsque le constructeur automobile chinois déménagera dans un siège encore plus grand. Les ingénieurs gagnent en moyenne environ 800 000 RMB nets (99 000 euros) par an, vivent dans d’immenses tours résidentielles dans des appartements d’une pièce, loués à 40 euros par mois, et rejoignent leur lieu de travail en quelques minutes grâce au monorail autonome.

Ces conditions se traduisent en productivité. Le constructeur automobile chinois a déposé environ 40 000 brevets, dont 28 000 ont été approuvés. L’orientation est claire : axée sur la technologie et l’innovation, c’est en lettres majuscules sur le mur du siège social. Plus d’actualité : https://www.avisondemand.fr/tag/byd